mardi 29 juillet 2008

Sur le pont de Brougham


Sur le pont de Brougham une femme couvre d'un regard à la fois irrité et résigné la calvitie croissante de son mari, penché sur la rambarde, fixant de blanchâtres rayures comme des cicatrices sur la pierre grises. Cet homme respecté, ce chevalier honoré, n'a d'égard ni pour elle, ni pour les passants, ni pour le canal qui roule ses eaux sombres, ni pour son pantalon de bonne coupe qui frotte contre la pierre mouillée, ni pour sa main droite, fermée sur un canif ébréché, dont la peau par endroit erraflée tremble encore de l'effort qu'elle vient de fournir.

Dans un accès de génie qui ressemble à l'extase, il vient de graver sur une pierres de la rambarde un vers du langage des dieux :
i2 = j2 = k2 = ijk = − 1.

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