samedi 2 août 2008

Vérification d'une hypothèse en philosophie : cas du cadre imaginaire des sociétés occidentales

Je publie ce post comme exemple d'une approche de la philosophie où les propositions sont vérifiées par des preuves vérifiables, rejoignant en cela l'approche de Popper (1).

Le problème est de vérifier si les affirmations de l'article précédent (un imaginaire collectif des sociétés occidentales modernes tourné vers le présent et le fantastique alors que l'imaginaire collectif de toutes les autres sociétés était jusqu'à présent tourné vers le passé et le "réel") se vérifient dans les faits.

La méthode proposée est la suivante: d'une part recencer une production artistique représentative d'une époque et de le passer au travers d'un crible.

Le crible que j'utiliserai est le suivant: répartir les oeuvres en fonction de leur cadre temporelle, géographique et de genre.

Le cadre temporelle se divise en présent (suggérant que l'action principale appartient au temps présent même si des références sont faites à d'autres époques), passé (le passé commence lorsqu'il est percu comme une époque révolue, différente du temps présent. L'évocation d'une période remontant à une vingtaine d'années peut être ainsi classé comme une évocation du passé si elle est traitée de cette manière) ou à l'imaginaire (qui inclue également l'avenir).

Le cadre géographique se décompose en "local" c'est à dire faisant parti de la même aire culturelle (Pour les américains, la notion est subtile notamment pour les oeuvres se situant en Europe qui peuvent ou non être considérés comme "locaux"; de même, la façon dont les oeuvres américaines sont perçus en Europe notamment en Europe de l'ouest; on retiendra à ce sujet la "proximité" des personnages par rapport à notre quotidien; ainsi, la proximité d'un super-héros à New York pour un Européen de souche est plus facile qu'avec un film destinés au public afro-américains), "exotique" qui signifie faisant parti d'une autre aire culturelle, et "imaginaire" qui sera donc les oeuvres sans référence géographique existantes.

Les genre seront subdivisés en trois groupes: "réaliste" (le ressort de l'action est basé sur le réalisme. Le fantastique n'apparaît pas ou très peu n'est pas nécessaire à l'action), "fantaisie" (ici dans un sens restreint: il s'agit des oeuvres qui, dans leur traitement (dessin animé, traitement graphique particulier comme dans "300") comme dans leur propos (films de divertissement), utilisent des éléments qui sont perçus par leur public comme non-plausible; Le "fantastique" enfin est l'utilisation comme moteur principal de l'oeuvre de situations clairement impossibles.

la première liste d'oeuvre à laquelle on passera ce crible est le résultat du box office américain en terme de chiffres d'affaire en 2007. Ce choix est fait par la place dans la référence collective qu'occupe le cinéma, à cause de la taille du public concerné, et parce qu'il s'agit d'un bon critère d'évaluation de l'engouement du public pour des thèmes qui raisonnent en lui. Sur les 20 premiers films du Box office on trouve les résultats suivants:

- Cadre temporel: Oeuvres se situant dans le passé: 2, dans le présent: 15.
- Cadre géographique: Oeuvres se situation dans l'aire culturel: 14, exotique: 3
- Genre: Oeuvres de fantaisie ou fantastique: 18 dans les 20 premiers, dont 10 sur les 10 premiers.

On trouve des résultats similaires sur les données des films en France ouvrant la voie sur la caractérisation d'un imaginaire propre aux société occidentales.

Pour les 10 plus gros succès des films réalisé en 1989 on ne compte que 3 films d'époques et 2 films réalistes. On peut ainsi montrer en répétant ce crible au fil des années que cette tendance est une tendance longue nées entre 1950 et 1970.

Quant au pourquoi la société occidentale moderne ressent un tel besoin d'un imaginaire fantastique, il s'agit d'une question qui suggère des réponses plus ou moins faciles mais qui sortent du cadre de cette enquête.

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