vendredi 16 janvier 2009

Histoire des Oracles - Fontenelle, 1686

"Le livre inaugurale de l'anthropologie de la croyance", dit Catherine Perret ce qui m'a évidemment décidé à le lire.

Après une introduction où Fontenelle fonde son droit à examiner le sujet:
  • "Mais l'écriture sainte ne nous apprend en aucune manière que les oracles aient été rendus par les démons et dès lors nous sommes en liberté de prendre parti sur cette matière. Elle est du nombre de celles que la sagesse divine a jugées assez indifférentes pour les abandonner à nos disputes ", p.4
Trois chapitres sont d'abord consacrés à l'origine de la croyance dans les oracles:
  • Pourquoi les Anciens Chrétiens ont cru que les oracles étaient rendus par les démons, p.5
Puis Fontenelle "change de rythme" dans le chapitre IV et attaque de son ironie mordante une histoire récente d'oracle: c'est la fameuse histoire de la "dent d'or" et sa conclusion lapidaire:
  • Mais on commença par faire des Livres et puis on consulta l'orfèvre.
Dans ce même chapitre crucial, Fontenelle expose sa thèse: D'une part il est naturel - simple pourrait-on dire- d'être convaincu par la raison sur les choses que nous ignorons mais malheureusement:
  • Nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai mais nous en avons d'autres qui s'accomodent très bien avec le faux.
Fontenelle expose ensuite combien les discussion historiques et surtout les discussion religieuses sont capables de telles erreurs.
  • Il est assez difficile que selon le parti où on est, on ne donne à une fausse religion des avantages qui ne lui sont point dues ou qu'on ne donne à la vraie des avantages dont elle n'a pas besoin.
Il démontre ensuite les effets d'une méthodologie rationnelle pour détruire toute vraissemblance des oracles qu'il avait précédemment cité.

Au chapitre 5, Fontenelle met en garde contre ces croyances, une erreur qui ne vient pas des démons mais des hommes eux-mêmes:
  • C'est aux hommes de se précautionner contre les Erreurs où ils peuvent être jeté par d'autres hommes. Mais ils n'ont nul moyen de se précautioner contre celles où ils seraient jeté par des génies au dessus d'eux.
  • Mes lumières suffisent pour examiner si une statue parle, rien ne peut plus me désabuser de la divinité que je lui attribue.
Plus loin, Fontenelle rassemble des preuves contre la véracité des oracles. Il met en avant le fait que la philosophie n'était pas, dans l'antiquité, séparé de la poésie (chapitre 6), que des Anciens ont écrits contre la véracité des oracles (chapitre 7), que les Anciens faisaient parfois peu de cas de leurs oracles (chapitre 8), de même que certains des anciens Chrétiens (chapitre 9), que les oracles pouvaient être corrompus (chapitre 10), et s'attache à décrire méthodiquement différents aspects des oracles pour en souligner les incohérences (chapitre 11 à 18).

Dans la seconde dissertation, Fontenelle montre que les oracles se sont poursuivis après la venue du Christ car le paganisme ne s'est pas arrêté brusquement au temps de sa mise en croix, mais qu'ils auraient disparus même si le paganisme s'était poursuivit, grâce au développement de la philosophie.

C'est un ouvrage majeur de la pensée occidentale, à la fois dans son contenu (la séparation du religieux et du prophane qui peut être étudié) et dans sa forme (un examen purement rationnelle des données du problème).

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