jeudi 15 janvier 2009

Pollutions visuelles

Il arrive fréquement que, pour capturer sur une photographie les qualités esthétiques d’un monument ou d’un paysage, nous attendions qu’un piéton sorte du champ de l’objectif, qu’une voiture se soit éloignée à moins qu’il ne nous faille trouver un angle de visée qui évite tel espace publicitaire. Pourtant ces éléments (personne, voiture, publicité) ne sont que des détails de taille minime par rapport à l’ensemble photographié. Mais, de même qu’une seule fausse note brise harmonie de l’exécution d’un air musique au point que, parmi les milliers de notes jouées, cette note ratée restera gravée de façon proéminente dans la mémoire des auditeurs, ces détails perturbent notre perception de l’image au point que les qualités esthétique du sujet semble avoir perdues une grande partie de leur force d’expression.

Le terme de pollution me parait approprié pour qualifier ces perturbation d’harmonie visuelle. Un polluant n’est pas nécessairement une substance particulièrement nocive: une pollution peut résulter d’une accumulation au delà d’un certain seuil voire de la simple présence dans un environnement qui en était dépourvue d’une substance autrement inoffensive ou même bénéfique. Une particularité des polluants visuelles est, nous l’avons vu, leur rapport de grandeur avec l’ensemble harmonique. Une autre est que notre société contemporaine, convertie au culte du moindre-coût et poussant à la surenchère marketing, en génère un très grand nombre. La gestion de ces pollutions par les communautés qui en ont la charge est un problème complexe : mon propos n’est pas d’entrer dans cette discussion mais de faire prendre conscience de l’impact négatif qu’elles peuvent créer. J’ai choisi d’illlustrer ce point en introduisant des pollutions courrantes dans des harmonies visuelles bien connues.


Joseph-Marie Vien : Jeunes Grecques parant de fleurs l'Amour endormi, 1773.



Paul Cezanne : La montagne Sainte-Victoire, 1885-95.



Nicolas Poussin : L'enlèvement des Sabines, circa 1638.



Jean-Baptiste Regnault : Les trois Grâces, 1793-1794.



Hubert Robert : Vue imaginaire de la Grande Gallerie du Louvre en ruines, 1796.

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